IEF | Reconnaître des allié.e.s
Dans les associations et collectifs de parents #IEF, le sujet est un marronnier : faut-il voir dans la droite et l’extrême droite, seules mouvances qui affichent un soutien apparent à notre choix éducatif, des alliées politiques ? Sont-elles prêtes à défendre notre liberté pédagogique ? Ou ce soutien est-il une façade, dissimulant un projet de société qui sape nos droits les plus fondamentaux ?
Une enquête récente sur leurs réseaux au sommet de l’État apporte une mise en perspective intéressante pour celles et ceux qui militent pour l'abrogation de l'article 49 de la loi visant à conforter les principes de la République.
Cette enquête révèle l’influence massive de ces réseaux sur les politiques publiques. L’Éducation, préoccupation centrale de l’État, n’y échappe pas. En 2017, c’est un proche de Patrick Buisson qui prend en main la réforme de l’École. Sa mission ? Détruire, pas à pas, la liberté pédagogique. Et avec la loi 2021-1109, il porte un coup sans précédent à l’un de ses symboles : l’instruction en famille. En rédigeant l’article 49, Jean-Michel Blanquer ne cache rien de l’esprit qui anime sa réforme : “ les familles qui font bien pourront continuer ”.
Cette logique calque la pensée de l’idéologue préféré des réactionnaires :
« Buisson a découpé la France en strates. Il envisage la confrontation de deux blocs : ceux qui ont compris l’histoire de France et ses racines chrétiennes, et ceux qu’il faudrait combattre. ».
Jean-Michel Blanquer a aussi travaillé à placer des relais stratégiques dans les instances décisionnelles de l’Éducation nationale, pour assurer la continuité de sa politique.
Mark Sheringham a ainsi été nommé à la tête des programmes. De son côté, Caroline Pascal s’est vue confier une IGÉSR élargie, puis la DGESCO. Elle est l’épouse de Camille Pascal, qui fut la “plume” de l’Élysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Camille Pascal entretenait alors une collaboration étroite avec Patrick Buisson, figure intellectuelle de la droite réactionnaire. Trois ans après le départ du ministre, les effets de ces choix sont toujours visibles. Marine Le Pen ne s’y trompait pas lorsqu’elle félicitait Blanquer pour “l’ensemble de son œuvre” au service de l’éducation de nos enfants : l'emprise réac sur le projet éducatif français s'étend de l'omerta sur les violences faites aux enfants en milieu scolaire par un adulte ayant autorité, à la chasse aux sorcières menée contre les parents instruisant hors les murs. Et quand Caroline Pascal évoque un retour à “l'étiage traditionnel de l'instruction en famille” grâce à l'article 49 de la loi visant à conforter les principes de la République, aucun parent-instructeur ne peut ignorer quelle tradition nourrit son imaginaire.
Notons que notre premier ministre actuel - grand défenseur de Bétharram qui valorise les violences éducatives ordinaires et diffame les lanceuses d'alerte - était en première ligne médiatique de la propagande en faveur de l'article 49 de la loi 2021-1109. Son mouvement politique ayant accouché de Rémy Daillet-Wiedemann, il était primordial de substituer au danger concret des dérives éducatives extrême-droitières l'image de petites filles voilées, enfermées dans des caves.
Le poison du “séparatisme” a fait son œuvre. E. Macron prévoit déjà une piqûre de rappel à la rentrée… Une preuve de plus que "Le fascisme ne commence pas quand l'extrême droite prend le pouvoir, il est déjà à l’œuvre lorsque les partis classiques mettent en pratique l'essentiel de son programme."
Alors…
Toi qui instruis en famille, es-tu certain·e de cocher toutes les cases éducatives de l'idéologie qui a construit ton obligation de demander à papa-État le droit d'éduquer tes enfants hors les murs ?
Ne serais-tu pas, finalement, un·e séparatiste d'avec les réac?