Discours de Jalil et Karène
, Albi
« Je m’appelle Jalil, à côté de moi il y a Karène et mes deux filles, Jade et Nora. Notre situation est très bien résumée sur les pancartes des filles : autorisation de plein droit pour Jade… et refus pour Nora.
Refus qui nous a été confirmé suite à un RAPO, et aussi au tribunal administratif puisque nous avons reçu la semaine dernière l’ordonnance du référé-suspension, qui confirme qu’il n’y a pas lieu de suspendre la décision… On est donc censés mettre Nora à l’école dès cette rentrée, en attendant le jugement au fond.
Une fois les présentations faites j’avais envie de démarrer ce discours par une petite citation…
J’aurais pu citer E. Macron, JM Blanquer, Y. Braun-Pivet, mais je vais faire simple, et en rester aux propos de la rapporteure de la loi séparatisme, A. Brugnera. Le 11 février 2021 devant l’Assemblée Nationale elle a dit :
« Tous les parents qui pratiquent l'instruction en famille dans des conditions satisfaisantes le font pour leur enfant. Ils n’ont pas besoin de motiver leur décision, qu’ils justifient simplement par un motif de convenance personnelle, mais s'ils ont choisi l'instruction en famille, c’est bien pour leur enfant ! […] Le quatrième motif donc les dimensions auxquelles vous êtes attaché. ».
Bon, je crois qu’on est tous d’accord aujourd’hui pour dire qu’on s’est bien fichu de nous.
Cette loi manque tellement de clarté que tout le monde peut l’interpréter comme il veut. Les DSDEN, les rectorats… Et même les juges. C’est le grand n’importe quoi, partout en France.
Personne n’est capable de donner clairement les critères d’appréciation !
Comment peut-on obéir à une loi que personne ne comprend ?
Ce flou n’est pas un accident. Et on sait aujourd'hui que derrière les rideaux, notre président disait « Regardez plutôt quels seraient les moyens d’interdire carrément la scolarisation à domicile ».
Mais l’instruction en famille, ce n’est pas un choix que l’on fait à la légère. Pour nous, c’est un vrai choix de vie, qui implique beaucoup d’ajustements, financiers, organisationnels, familiaux… Il n’est pas question de le balayer d’un revers de main.
En avril-mai dernier, on a bien voulu croire à la sincérité du législateur… Face à toutes les belles paroles de nos députés, on s’est dit “ok, on va voir”… On a vu.
Maintenant ça suffit.
Nul n’est censé ignorer la loi, mais chacun doit pouvoir la comprendre. C’est le principe constitutionnel d’intelligibilité de la loi.
Nous refusons d’appliquer une loi que nous ne comprenons pas et que personne ne sait justifier. Nous refusons de sacrifier notre vie aux exigences illégale d’un état qui nous manipule.
Cela rejoint l’une de nos convictions en matière d’éducation, que l’on souhaite transmettre à nos filles : il est de notre devoir de citoyen de faire respecter les libertés fondamentales des habitants de ce pays. Nous le devons à nous-mêmes, à nos enfants, et à tous les autres qui veulent et voudront expérimenter cette joie de grandir et d’apprendre en empruntant un autre chemin.
C’est pour ça qu’aujourd’hui, Karène et moi annonçons officiellement et publiquement notre entrée en désobéissance civile.
Nous instruirons Nora hors-école, aux côtés de sa sœur Jade, quoi qu’en pense le rectorat de l’académie de Toulouse, qui n’a d’ailleurs pas à en penser quoi que ce soit !
Nous affirmons et assumons cet acte publiquement aujourd’hui. Notre lettre de désobéissance est prête à être envoyée à qui de droit.
Ça, c’est la première nouvelle.
La 2ᵉ nouvelle, c’est que tout ça, on ne le fait pas tout seuls. On a deux autres familles à côté de nous… 2 autres familles de l’Académie de Toulouse… »
- Jalil et Karène, le 1er septembre 2022
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